
Envie de fuir la ville, de me rapprocher de la terre, de vider quelques verres de carignan. Je pensais à mes amis, Carolin et Nikolaus Bantlin. Je les ai rencontré il y a quelques années quand Millésime Bio était un paisible petit salon de pionniers et que j'étais tombé raide dingue de l'une de leurs cuvées fétiches, « Le Roi des Lézards ». Voilà, j'avais une envie folle de les revoir, de me familiariser avec leur histoire. Une envie de voyage vers un ailleurs quelque peu glacé en cette matinée de début d'été, mais une envie aussi de rencontrer de vrais gens.



Ils décidèrent alors de se donner deux années pour liquider leur vie en Allemagne. Le vin ne faisait toujours pas partie de leurs priorités. Il fallait d'abord restaurer une maison dans le village pour loger la famille. Ils décidèrent de tout faire de leurs propres mains. « Simple, quand on ne savait pas comment installer les chiottes, on se renseignait dans les livres ou sur Internet », précise Carolin. Une fois la maison restaurée et bien restaurée, ils en choisirent une autre, plus spacieuse, avec un beau jardin pour y mettre la niche du chien à côté du poulailler et pour commencer un beau potager, puis y construire une serre. « Pendant longtemps on a dormi dans les gravats », se souviennent les Bantlin. Chez eux, chaque pièce a son charme. Le bois brut et la pierre, les mosaïques, les vieilles poutres réhabilitées, les armoires retapées, tout a été fait de leurs mains, y compris le sauna dans lequel ils accèdent à partir d'un escalier partant de leur chambre à coucher.

Leur v½u le plus cher est de continuer à élever leurs enfants dans le bon chemin de la vie. On peut les croiser à vélo sur les petites routes des PO où ils vont rendre visite à leur fournisseur de compost ou à un ami vigneron, comme on peut les rencontrer un vendredi soir dansant frénétiquement chez Biquet, le restaurant branché de la plage de Leucate qui, de temps en temps, fait venir un groupe de rock du tonnerre de dieu. Il était temps de rentrer au bercail et sur la (courte) route du retour, je me disais qu'on n'a pas besoin d'aller loin pour voyager. Finalement, le Domaine des Enfants Sauvages est un voyage extraordinaire à lui tout seul. Putain qu'est-ce qu'on est bien dans notre région !
Michel Smith
PS-Cet article m'a été inspiré par l'éphémère président du numéro 42 des Vendredis du Vin, j'ai nommé Guillaume-Nicolas Brion dont je vous recommande avec insistance le blog
http://dumorgondanslesveines.20minutes-blogs.fr/